Le jour où le radiologue et moi on a joué à "qui a la plus grosse"

"Bougez pas, je reviens, vous allez voir : la biopsie en tant qu'acte est rapide, c'est la préparation qui est longue."

Déjà, mon gars, t'es gentil, mais j'ai les nichons à l'air, mes fringues sont dans une autre pièce, j'ai du gluant d'échographie qui me dégouline sous le bras... Alors je pense pas bouger de là pour le moment.

Dix minutes plus tard, je commence à piquer du nez parce que l'ambiance ici est un peu "salle de relaxation" : lumières tamisées, lit plutôt confort, pas un bruit... 

Cinq minutes de plus, il revient avec son petit chariot et je sors de ma torpeur pour tenter de m'intéresser à ce qu'il me raconte :

"Je vais tout préparer, vous allez voir c'est ça le plus long."

Ouaip, j'avais compris la première fois.

Et là, il installe tout son bazar puis sort : un énorme engin.

Non, pas ça. Coquinou. Veux-tu bien cesser de me pousser à raconter des choses interdites au moins de 18 ans ? Merci, je reprends.

La seringue la plus grosse de tout le Far West, sans blague. Le piston doit faire, à vue de nez, 3 km de diamètre et le double de longueur. Et je ne te parle pas de l'aiguille, tu vas tourner de l'œil.

"Surtout, ne sursautez pas : quand je fais un prélèvement, ça va faire CLAC, ne bougez pas."

Gary, t'as une putain d'arme dans les mains, j'ai pas du tout l'intention de moufter.

Petite anesthésie locale, parce que vu l'outil, je crois pas que j'aurais survécu, sinon. Et hop, on y va pour le premier prélèvement. CLAC. Ok, il ressort l'aiguille et là, parce que je ne sais pas la boucler, je demande : 

"Ça marche comment, en fait, ça aspire ?"

"Non, c'est une guillotine. J'insère l'aiguille dans le nodule et il y a une petite guillotine qui coupe un minuscule échantillon."

Ah. Pourquoi j'ai demandé ? Ça me rappelle le jour où j'ai demandé au tatoueur si les aiguilles de son appareil c'était comme un petit marteau-piqueur et où il m'a répondu "Non, c'est plutôt comme une scie sauteuse : ça creuse des tranchées dans ta peau et l'encre s'y insère."

Le truc, c'est que je n'apprends vraiment pas de mes expériences. Et maintenant, toi aussi tu aurais bien aimé ne pas savoir. Mais je vais pas te mentir, c'est pas mon genre. Dans mon monde, quand on pète, y'a pas des arcs-en-ciel qui forment un cœur parfumé au bois de santal autour de toi...

5 prélèvements plus tard, il me dit : "Ne vous en faites pas, je fais un seul trou d'entrée, ça ne se verra pas". J'ai eu envie de lui répondre que vu la taille des nodules, on va sûrement virer tout le nichon, alors son trou d'entrée, entre nous, je m'en tape comme de mon premier Tampax (puisqu'on parle de trous).

Ensuite, j'ai demandé si ça allait faire mal une fois l'anesthésie passée... Il m'a dit que non. Deux jours après, j'ai eu un hématome de sa mère la pute énorme qui, deux semaines après, commence à peine à s'estomper et à être moins douloureux. Bâtard.

Donc au final, c'est bien lui qui avait la plus grosse... Je ne jouerai plus à ce jeu, c'est même pas drôle.