Le jour où les beaux gosses ont défilé

2° cure, je suis à la bourre pour te raconter ma vie de cancéreuse. C'est normal : je t'avoue qu'au moins je pense cancer, au mieux je me porte. Donc je me fais rare. Mais fallait quand même que je vienne te parler de cette mémorable journée de la 2° cure : celle où j'ai vu une brochette de beaux gosses.

Déjà, on attaque avec le rendez-vous cancéro juste avant la cure. Mister T. étant absent, je vois son remplaçant. Tout jeunot, je me suis demandé à un moment s'il avait vraiment ses diplômes. Et puis bon, je me suis rappelé que moi-même je ne faisais pas mon âge et je lui ai laissé le bénéfice du doute.

Avoue que tu aurais eu des doutes toi aussi... Le stéthoscope en plastoc aurait dû me mettre sur la voie !

Ma mère se joint à moi pour dire que oui, vraiment charmant ce médecin. Donc forcément, quand tu lui parles de tes effets secondaires glamour à souhait dont ton souci digestif en particulier, ça casse tout de suite l'ambiance. Mais bon, ma bonne dame, on est là pour la science. Par contre, avant de sortir, je lui ai quand même signalé que je ne sentais plus la tumeur. Donc il s'est senti obligé de vérifier. Mouhahaha... Ben quoi ? Y'a des tas de vieux moches qui tripotent mes nichons depuis que j'ai un cancer, pour une fois que c'est un jeune appétissant, je n'allais pas le laisser s'en tirer à si bon compte !

Je m'installe sur la table d'examen et je lui demande "Je m'allonge ?", en toute innocence hein... "Non, on va faire ça assis" qu'il me répond. Grand fou ! Je te précise que ma mère était à côté hein, va pas t'imaginer que le cancéro et moi on s'est vraiment envoyés en l'air. Mais non, DH, je ne t'aurais jamais fait ça ! Calmez-vous, foule en délire, je ne suis pas adultère !

Rangez vos A rouges ! Je suis fidèle !

Sur ce, nous voilà parties pour la cure. Me voilà dans un coin du service où je n'étais pas encore allée et où officie le seul infirmier. Ah ah ah ! Enfin il y a une justice en ce bas monde ! Charmant comme tout et avec beaucoup d'humour. Du coup j'ai fais des blagues douteuses. Jusqu'au moment où on parlait des effets secondaires de la chimio et où il me sort "du moment que ça ne fait pas pousser un membre supplémentaire". Tu penses bien que mon esprit tordu et moi avons tout de suite pensé à ce membre en particulier. Dis-toi bien qu'il m'a fallu toute la volonté du monde pour ne pas répliquer ce qui m'est passé par la tête et avoir l'air pas sortable du tout... Ma mère m'en soit témoin, il m'est très difficile de m'auto-censurer. Mais j'ai réussi. 

Après avoir comparé l'infirmier à Passepartout (il m'a dégainé son trousseau avec 2 clefs dessus, je me suis gaussée) la journée des beaux gosses était terminée. Pour reprendre le lendemain ! Et cette fois, c'est pas moi qui le dit, c'est ma fille. Eh oui, l'infirmier qui vient me faire les injections post-chimio, elle le trouve méga cool, souviens-toi... Mais en tout bien tout honneur hein, il est marié, papa et doit avoir 20 ans de plus qu'elle minimum, tout ça, n'empêche, j'ai une idée du genre de gars qu'il faudra tenir éloigné de la maison quand elle sera ado (grand, en forme, tatoué et percé de partout... ah merde, moi aussi je vais me priver du coup !) (du calme, DH, tu l'as rencontré, tu sais bien que c'est une boutade) (toi-même tu sais qu'avec ma tronche post-chimio même Quasimodo je pourrais pas le draguer)

T'as vu toutes ses clefs ? Pfff chanceux le petit...

Bon, mon capital "glamour" est au plus bas avec cette foutue chimio, mais je me console comme je peux tu remarques... Et sinon j'ai mieux vécu la 2° cure car le cancéro a baissé les doses. Je suis mieux armée pour la 3° aussi, j'ai des médocs à prendre en préventif, je suis hyper fatiguée pendant quelques jours (ça commence le 4° jour environ après la chimio), mais rien à avoir avec la 1° cure où j'ai rendu visite à Satan qui se faisait une belote avec Lucifer... Alors on y croit. Oui, une fatigue chronique de mon cul s'installe mais comme je suis hyper bien entourée, je gère la fougère. Enfin, vivement après hein, parce que la chimio c'est caca-moisi-ça-pue-du-derch ! D'ailleurs, à l'heure où ce billet est publié, je viens d'avoir ma 3° cure et j'ai envie de dire : J'AI FAIT LA MOITIÉ !!!! YOUHOU !!!! Fuck Albert.