Le jour où je suis devenue fan de GP et de Marquez

Et là tu de demandes bien quel est le rapport avec Albert ? T'inquiète, paupiette, on va y venir.

Mes cures étant assez éprouvantes, je profite des vacances pour squatter chez mes parents (ils sont joie et euphorie de m'avoir 2 semaines sur 3 chez eux, avec ma filles et mes 10 tonnes de bagages) (mais si, ils le sont) Et il y a certains moments où je suis vraiment, mais vraiment KO.

Comme ce jour où j'étais donc vautrée installée sur ma chaise longue que mon père met dans le salon à chaque fois que je viens (oui, ça fait un peu princesse, tout ça) (si tu veux postuler pour agiter une feuille de palmier à côté de moi, tu peux, envoie ton CV en commentaire). Mon père regardait Eurosport et puis le voilà qui part travailler après le déjeuner en me laissant la TV, sans le son (pas trop salaud, tu remarques). Moi, feignasse, je ne trouve pas le courage de me lever pour attraper la télécommande. 

Voilà, pour le poste c'est à peu près ça. Sauf que je suis sur une chaise longue. Je fournis la feuille de palmier aussi, je suis grand seigneur, tu notes.

Ma mère roupillait (tu parles d'une garde-malade !) (je déconne, ma petite maman, tu es parfaite) (comme moi, c'est dans nos gènes), et j'étais seule. J'ai donc bloqué Eurosport tout l'après-midi. Et il y avait des courses moto. Et jamais, ô grand jamais, je n'aurais imaginé aimer regarder des motos tourner en rond sur un circuit. Jamais.

Fuck "jamais", j'ai kiffé ma race ! (comme disent les jeunes) (sérieusement, ils disent encore ça ?) (de mon temps on disait "mais j'ai trop aimé, quoi") C'était une course de Superbike et c'était vraiment pas mal. Je veux dire, j'ai vraiment apprécié. Mais je me suis dit que c'est parce que je n'avais rien d'autre à faire, même pas la force de tenir un livre... Bref, je n'étais pas encore complètement mordue.

Et puis en fait si. À chaque fois que mon père se cale devant les courses moto, je m'incruste et j'en profite pour lui poser une tonne de questions. C'est comme ça que je suis en plein apprentissage des différents niveaux et tout ça. Dimanche dernier, nous avons regardé le GP à Indianapolis et j'ai trouvé mon nouveau chouchou (j'en ai déjà un en Superbike, un petit français, mais il m'en fallait un en GP) ! 

Marc Marquez, mon chouchou, un espagnol bien entendu (j'ai de la paëlla qui coule dans mes veines) (je ne te l'avais jamais dit ?)

D'ailleurs, à ce moment j'ai demandé à mon père s'il y avait souvent des morts parce que fichtre : tu as vu comment ils prennent les virages ? Ils switchent leur cul de place mais bordel de merde à chiotte de queue de pine, j'ai peur à chaque virage ! Et sur ce circuit, y'en a des costauds ! Et donc oui, ça arrive mais bon c'est pas non plus hyper courant (y'a moins de morts que pour un combat de gladiateurs, par exemple). Et ma sœur de répondre "De toute façon, même à la pétanque il doit il y avoir des morts", ce à quoi j'ai répliqué "Oui, de vieillesse, sûrement", suite à quoi mon père est intervenu "Une boule sur la tête, ça doit arriver". Pas un pour rattraper l'autre, je te jure.

Et hop, l'air de rien je te case une photo de mon film préféré... L'Espagnol ! L'Espagnol ! (tu vois, dans les veines, je te dis) 

En bref, pour en revenir à Albert, je pense que sans lui je n'aurais jamais eu l'opportunité de découvrir ma nouvelle passion pour les courses moto. Je veux dire, mon père a toujours regardé ça à la télé et franchement, rien que le boucan ça me gonflait sévère. Et là, c'est un peu la révélation. Je vais passer mon permis moto, d'ailleurs. (je déconne, t'imagines le carnage, moi sur une moto ?) (soyons sérieux une minute, je vous prie) (j'ai jamais réussi à conduire un scooter ou un vélo, alors une moto...) Merci Albert. Tu ne sers pas à rien, tu vois. (il complexe en ce moment).

Et ça vaut pour beaucoup de choses, je ne vais pas tout raconter ici (pas par pudeur mais parce que contrairement aux apparences je suis loin de vous raconter toute ma vie) (je n'ai aucune pudeur, c'est un fait établi). Albert a été le vecteur de pas mal de nouveautés dans ma petite vie. Je veux dire... Tout change. Vraiment. Je ne vais pas faire le coup du "j'ai vu la lumière au bout du tunnel", ce serait raconter des conneries parce que au fond je suis la même, j'ai juste modifié pas mal de choses dans ma façon de voir la vie, d'appréhender ce qui peut m'arriver, tout ça.

Toi aussi, assieds-toi dans une position hyper confortable, à poil, les baloches/la touffe au vent, pour penser.

Par exemple, maintenant je prends le temps. Parce que (attention, philosophie à venir) le temps, on l'a, c'est juste qu'on ne le prend pas forcément (je t'avais prévenu, je peux dire des choses qu'elles sont bien des fois). Pour des choses simples, en particulier. Avant Albert j'étais du genre hyperactive, toujours en train de ranger, nettoyer, trier, organiser, planifier, faire chier le monde etc. Maintenant que je suis obligée de rester allongée environ 80% de mon temps éveillée, ça met tout ça en perspective (sauf que je fais toujours chier le monde) (on ne change pas notre moi intrinsèquement profond).

Quelque part, c'est dommage d'avoir besoin d'un cancer pour retrouver le goût des plaisirs simples. Mais au moins, je tire du positif de la situation et ça, ça a toujours été ma devise : on peut toujours trouver du positif en tout, même si parfois sur le moment on en chie pour le voir, ce positif (surtout en post-chimio quand j'ai l'impression que je vais mourir) (mais telle le phénix, je renais toujours de mes cendres).

PS : en fait mon père avait posé la télécommande sur ma petite table personnelle, à 15 cm de moi, j'étais juste trop à l'ouest pour le capter... No comment...